Kopela sans mombonda ", la métaphore kinoise de l'autoconstruction. Par Béni BOBANGA WAWA.
Partout dans le monde, dans certains pays plus que dans d'autres, il est difficile de réussir sans être accompagné, poussé, recommandé, pistonner. Cependant, il existe des personnes qui n'ont pas la possibilité de bénéficier de ce soutien dans leurs efforts de réussite. En République démocratique du Congo, cette situation est bien réelle, surtout auprès des jeunes. Nombreux sont ceux qui cherchent à travailler mais qui ne sont pas embauchés faute de "piston".
Abandonnée et vouée à elle-même, la jeunesse de ce beau et grand pays, surtout celle de Kinshasa la capital a appris à se debrouiller pour s'en sortir. Cet état d'esprit se ressent fortement dans les concepts populaires dont notamment " Kopela sans Mombonda ", que j'analyse ici.
En effet, dans un pays où le besoin en électricité n'est pas encore totalement satisfait, la majeure partie de la population conserve le modus vivendi des temps anciens. Ce qui, à certains égards, n'est pas du tout un problème en soi, car permettant à l'être humain de conserver encore une part d'effort intellectuel et physique, de plus en plus perdue actuellement à cause des nouvelles technologies. C'est le cas, par exemple, de la maîtrise du feu.
Contrairement à la plaque électrique et la gazinière qui ne demandent qu'à manipuler quelques boutons, en RDC le brasero requiert une certaine technicité pour faire du feu. Parmi les techniques usitées, il y a un outil appelé Mombonda, qui empêche l'air d'éteindre le feu par les côtés, tout en le laissant pénétrer par le dessus.
Si le Mombonda permet d'allumer plus facilement un feu sur les braises, son absence rend d'autant plus difficile l'exercice que très souvent, seuls les expérimentés arrivent à le faire. En choisissant cette image d'un feu qui s'allume sans l'aide de cet outil, le kinois rend compte - peut-être sans vraiment se rendre compte - de sa disposition à faire affront aux difficultés qu'il rencontre pour réussir ce qu'il entreprend. Cette réussite, il veut l'avoir même s'il n'y a personne pour l'aider à y arriver.
Plusieurs individus riches à travers le monde sont bénéficiaires d'un heritage ou naissent déjà dans des familles qui leur offre un niveau de vie confortable et luxueux. Fort malheureusement, le fait même de naître dans certains pays peut constituer un handicap énorme pour un jeune, tant la mauvaise répartition et la prédation des richesses par une minorité creuse des inégalités incalculables. Le Kinois sait qu'il n'a pas gagné la lotterie géographique. Il sait aussi qu'il ne peut pas compter sur le gouvernement. Sa famille et ses amis sont dans la même situation que lui. C'est ainsi qu'il apprend, dès son enfance à être self-made man, à se construire seul.
Difficile mais pas impossible, c'est dans les efforts quotidiens, persévérants et patients qu'il a appris et continue d'apprendre chaque jour à s'allumer comme un feu sur le brasero sans le Mombonda. Plusieurs témoignages des gens qui ont réussi leurs vies vont dans ce sens. Issu des milieux et des familles pauvres, ils ont appris à créer eux-mêmes des opportunités lorsqu'ils ne les trouvaient pas et à les saisir lorsqu'elles se sont offertes.
En définitive, il existe aussi des personnes qui, malgré les avantages familiaux ou sociaux, préfèrent réussir par leurs propres efforts. " Kopela sans Mombonda " c'est briller sans traitement de faveur, c'est fournir des efforts personnels jusqu'à en récolter les fruits, c'est ne pas attendre de recevoir d'autrui pour avancer, mais beaucoup exiger de soi, c'est vivre la vie telle qu'elle se présente sans trop se plaindre et tenter de lui donner le sens (signification et direction) que l'on décide. "Kopela sans Mombonda" c'est briller dans et malgré l'obscurité, c'est construire des projets et se donner les moyens de les réaliser, c'est le courage et le plaisir de se construire soi-même.
Par Béni BOBANGA WAWA
<< Na yambi >> : le sens profond du Credo en Lingala. La foi chrétienne catholique est arrivée en Afrique centrale dans la pirogue des vieux missionnaires à la longue barbe. L'évangélisation au nom de laquelle ils sont arrivés a rencontré la grande foi du peuple africain en général et Kongo en particulier. Certaines approches de ces missionnaires pouvaient ou peuvent être remises en question, celles, par exemple, qui incitaient ces derniers à démolir le 《savoir religieux ancestral africain》 pour le reconstruire de façon occidentale. Le peuple Kongo était un peuple croyant, en un Dieu unique ( Nzakomba ou Nzambe ), Créateur et dont l'esprit se trouvait dans chaque élément de sa création. Il serait donc certainement faux de penser que cette évangélisation a été une découverte de Dieu. Elle a plutôt consisté en une "christianisation", pouvant être entendue comme le fait de prêcher le Christ Jésus comme Fils de Dieu et chemin vers Dieu. Face ...
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